Retour à Cold Mountain
Grosse machine hollywoodienne, Retour à Cold Mountain
pourrait être le parfait exemple de la machine à oscar. Un casting
impressionant, une adaptation de best-seller, un réalisateur confirmé (
Anthony Minghella, Le talentueux Mr Ripley c'était lui, Le patient anglais
c'était lui aussi) et surtout un gros budget de rigueur (90M$)
permettant ainsi une reconstitution historique fidèle (permettant de se
faire quelques oscars supplémentaire en poche). Pourtant déjà, le
budget, même s'il est imposant, n'était pas réellement suffisant. Tom Cruise fut un temps pressentis dans le rôle de Jude Law,
mais son cachet trop élevé a fait que finalement ben non. Et puis
surtout le film s'est lamentablement vautré aux Oscars, 7 nominations
et 1 seule statuette (pas des moindres certes, meilleur second rôle
pour René Zelweger). Il faut dire aussi que la
concurrence fut rude, et que ce film ne fut pas la seule machine à
oscar déçue, on se souvient aussi de Masters and commander : the far
side of the world (Peter Weir, triplement osarisé du meilleur réalisateur) qui a eu un résultat similaire. Une raison ? Oui, et pas des moindres : Le seigneur des anneaux : le retour du roi. Forcément quand 11 statuettes sont ramassées par un seul film...
Mais
trêve de bavardage et d'informations futiles, restons simple : le film.
Eh bien quoi le film ? Eh bien...oui. Alors oui c'est du classique, du
déjà-vu, une histoire d'amour sur fond de guerre, ça vous rappelle
quelque chose ? Pleins de choses en fait.
Alors oui c'est gros,
c'est caricatural, mais force est de reconnaître que ça marche. La
scène d'ouverture en mets déjà pleins les yeux. Car oui, l'une des
(nombreuses) bonnes idées du film a été de ne pas monter le film dans
l'ordre chronologique. On commence donc directement par la grande
bataille sur laquelle une partie de la promo avait été faite (dont
l'affiche du film). Bonne nouvelle donc, on ne passera pas tout le film
(qui dure quand même 2h33) à attendre le grand moment (pas comme pour Le pont de la rivière Kwaï
quoi). D'autant que cette scène répond particulièrement aux promesses
faite, l'explosion en elle-même est magnifique, et pour le reste de la
bataille, le réalisateur (doué, soit dit en passant) a préféré montrer
l'horreur de la bataille plutôt que de la magnifier, en renforçant notamment l'aspect
de massacre (le terme de "bataille" est donc ici quelque peu déplacé).
Le spectateur est donc mis en conditions, reste au film de tenir ses
promesses et...il les tient.
Retour à Cold Mountain contient en fait trois films bien distincts. D'un côté le voyage de Jude Law pour rentrer chez lui, de l'autre Nicole Kidman
attendant le retour de son roméo, et enfin l'explication de leur amour
(en flash-backs). Dans ces conditions l'ennui pointe difficilement le
bout de son nez, et c'est tant mieux, surtout au regard du rythme
relativement lent du film.
L'un des points fort du film est son casting. Nicole Kidman en tête, entourée de Jude Law et de Renée Zelweger,
eux-même entourés d'une pleïade de seconds rôle connus, ou à défauts,
de têtes connues. Mais un casting impressionant sans jeu d'acteur ne
sert à rien, et nul doute que chacun a bien trouvé son rôle. Nicole Kidman et Jude Law
en tête, retranscrivant à la perfection l'ambiance et les épreuves
qu'ils ont traversées. On pourra, dans ses premières apparitions,
trouver que le jeu de René Zelweger est un tantinet forcé, mais son personnage s'impose très rapidement, et sans grande difficulté.
Pour
le reste c'est du tout bon, décors, lumière (éclairage naturel),
costumes (fidèles jusqu'aux dessous des acteurs), tout est parfait.
L'intérêt
du film, malgrés les apparences, ne se trouve pas dans l'histoire
d'amour, mais dans le voyage de l'un et la façon dont se débrouille
l'autre. Du premier on a un parcours quasi homérique, de rencontres
incongrues en situations délicates, Jude Law traverse
le pays pour retrouver sa bien aimée. De l'autre, une situation
difficile et le dur quotidient des gens restés à l'arrière avec les
milices qui se sont crées.
Alors Retour à Cold Mountain
est-il le chef-d'oeuvre que la boîte nous décrit ? Non, mais il n'en
reste pas moins un bon film, efficace, calme, prenant, passionant de
bout en bout, et faisant preuve d'un savoir-faire indéniable.