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A life of cinema
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21 juin 2006

Desperate Housewives

desperate_housewives_2

Oui oui, une série. Bon j'étais décidément vraiment pas chaud du tout pour regarder ce nouveau phénomène de mode pour les ménagères de moins de 50 ans, mais bon, je m'y suis quand même mis parce-que voilà hein, faut rester un peu dans le vent quand même. Première constation : c'est super mal réalisé. Bon ok ça n'est "que" une série, mais quand on voit ce qu'arrivent à faire les autres séries, ben quand même on se dit qu'ils se sont pas foulés pour DH (ou alors ils n'avaient pas d'argent pour embaucher de bons réalisateurs, la saison 2 est sans doute meilleure alors !). Le principe d'une série à quatre personnages principaux (oui parce-que Eddy hein...voilà quoi) c'est de pouvoir toucher le public le plus large possible, et là le créateur de la série a vraiment vu large puisqu'il touche absolument tout le monde, et ce en seulement quatre personnages, elle est pas belle la vie ? On a donc la bimbo qui a épousé le mec le plus riche qu'elle avait sous la main, la mère de famille débordée par ses quatre bambins (le mari est souvent absent of course), la ménagère parfaite et la mère seule, séparée du père de sa fille. Avec ça on a ainsi toutes les situations scénaristiques possibles, puisque chaque personnage a un but, que ce soit de (re)trouver l'amour, élever ses mômes, cacher ses aventures extra-conjugales ou encore la bonne vieille remise en cause de soi.
Le début de la série flirte avec le ridicule totale puisqu'on se croirait dans une pub pour du nettoyant ménager (d'ailleurs l'actrice du début a la tête parfaite pour), puis ça bascule brusquement puisqu'on assiste à un suicide. Intéressant puisqu'en quelques minutes la série nous montre d'abord un univers parfait, lisse propre puis introduit de manière brutale la mort dans ce quotidien brillant. En clair, y a malaise. Et même si la femme en question avait certaines raisons de se suicider, le message est clair : une telle situation ne peut pas durer éternellement, tôt ou tard ça va péter.
Côté casting la série est tout juste bonne, les têtes des cinq protagonistes sont bien choisies (d'ailleurs je me rappelle même pas de leurs noms, juste de leurs têtes et de leurs rôles), mais du côté masculin elle a la désagréable tendance de ne choisir QUE des beaux gosses musclés et bronzés (c'est complexant, merde quoi !). Ah, et puis bravo pour le jardinier de 17 ans (il va jamais au lycée ou quoi ?) dont la tête donnerait plutôt dans les 25 ans (au moins).
La série se suit sans déplaisir mais on est loin de l'intérêt que des séries telles que Lost pouvait susciter (la faute sans doute à des personnages pas très intéressants). Les intrigues et les sous-intrigues font totalement forcées (en clair : c'est gros, très gros) et on a plus l'impression de regarder le fantasme d'un banlieusard middle-class qui s'ennuie dans sa bourgade paumée qu'à autre chose. Petit mot encore sur la voix off i-rri-tante au possible, genre "tu es un gros con donc je vais bien t'expliquer quand c'est que tu dois avoir peur ou quand c'est que tu dois comprendre qu'il doit se passer quelque chose", comme si les producteurs s'étaient dit à la dernière minute que les spectateurs n'en auraient rien à faire de la série et que pour garder leur intérêt ils allaient balancer une voix off style "attention, au prochain épisode ça va morfler".
Enfin bref, c'est sympathique mais pas transcendant du tout, même si la simple idée de poser des femmes "de tous les jours" en héroïnes d'une série suffit à justifier le visionnage de cette série.

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Commentaires
P
J'ai une vision de "Desesperate Housewives" assez différente de la tienne. Là où tu sembles voir un soap-opera de plus, je vois personnellement une parodie assez féroce du genre. Ce qui la différencie à mon sens d'une parodie classique, c'est que les auteurs évitent de marquer une distance ironique trop évidente par rapport à leur sujet: je veux dire par là que leur technique ne consiste pas à grossir le trait de façon à déboucher sur une caricature par trop évidente, mais au contraire de rester collé au plus près au style soap-opera, dont ils ont visiblement assimilé toutes les ficelles à la perfection: en fait ils singent le soap. D'où ce look de "publicité pour lessive" que tu évoques à juste titre, et que les auteurs assument parfaitement, ou encore la platitude à mon avis tout à fait volontaire de la réalisation. Par l'épaisseur du trait, la caricature souligne les gags à l'intention du spectateur, un peu comme on utilise les caractères gras dans un texte. "DH" exclue d'emblée cette technique, et travaille tout en finesse en exploitant au maximum le comique de situation. En cela, la série me fait penser à l'émission "Strip-Tease", à ceci près que celle-ci est un reportage pur et dur, où sont filmés dans leur quotidien des imbéciles de la plus belle eau. Aucun commentaire, aucun surlignage des gags: inutile d'en rajouter, semblent nous dire les auteurs par leur silence, les sujets produisent eux-même leurs propres gags et n'ont besoin d'aucune aide pour se rendre ridicules, il n'y a qu'à les laisser exister et exprimer leur suffisance et leurs idées reçues. Au niveau fictionnel, une fois brossés de façon quasi-naturaliste les portraits des quatre héroïnes, qui sont autant de variations du modèle type de la ménagère de la middle-class américaine (la mère de famille idéale, la réussite sociale assimilée au paraître, la fondamentaliste catho coincée et moralisatrice, et la pseudo-marginale qui cherche désespérément à s'intégrer dans ce monde bourgeois très sélectif), il suffit de laisser les personnalités s'exprimer et mettre en place des situations qui vont évoluer logiquement et naturellement en dégénérant jusqu'à l'absurde. Personnellement, je trouve du plus haut comique que ce désir forcené de sécurité et de normalité débouche sur des résultats aux antipodes de leurs fantasmes conformistes. Ou: comment l'Amérique conservatrice et fondamentaliste tourne en ridicule ses propres valeurs morales de l'intérieur, pour peu qu'elle soit quelque peu travaillée par les pulsions qu'elle tente sans succès de tenir en laisse! <br /> Que la série soit un succès planétaire, et qu'elle fasse les choux gras de la presse people, n'infirme en rien ma lecture, bien au contraire. La mystification est si parfaite (du fait, précisémment, de la subtilité du trait parodique) et l'imposture des auteurs si génialement mise en place, que la ménagère américaine s'est immédiatement identifiée à nos quatre pétasses sans y entendre malice. Quant aux concepteurs de la série, ils doivent bien se tenir les côtes à voir ainsi les imbéciles applaudir au spectacle de leur propre imbécillité. Le second degré - on le sait par expérience - n'est pas le fort du public "mainstream" américain!
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