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A life of cinema
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7 juillet 2005

La guerre des mondes (américain - 2004)

la_guerre_des_mondesLe grand retour de Spielberg ne se fera pas avec un petit film intimiste sur un sujet sensible mais bien avec le blockbuster de l'été 2005 (enfin pour le blockbuster vraiment blockbuster attendons The island quand même).
La guerre des mondes mélange deux genres distincts et intimement liés de série B qui sont très cher à Spielberg : l'épouvante/horreur et les extra-terrestres. Pour le premier on a Duel, bonne idée mais inabouti, Les dents de la mer, sympathique mais un peu trop "brouillon" et bien évidement la bilogie (le troisième n'étant qu'une vulgaire série B à gros budget) des Jurassic Park, bien plus réussie et bien plus aboutis à tous les niveaux, surtout le deuxième qui s'affranchissait des traces d'humour pour gamin du premier et possèdait (et possède toujours aux dernières nouvelles) des scènes bien plus stressantes et bien plus intenses. Dans le deuxième genre, le film d'extra-terrestre donc pour ceux à qui mon petit descriptif a fait perdre le fil, Spielberg nous a servis deux films majeurs de son oeuvre - E.T. et Rencontre du 3ème type - et une série TV dont on taiera le nom (on est sérieux ici, on fait du ciné pas de la télé !). Films réussies mais où les extra-terrestres étaient de gentils bougres et les humains (enfin dans E.T.) étaient les plus méchants.
Ici, finis les nain à doigt luminescant et les alien mélomane. Les alien qui arrivent sur terre sont machiavelique, impitoyable, vicieux, mais surtout ils sont intelligent. Ben oui quoi, ils n'ont pas décidés comme ça un jour de balancer leurs engins sur Terre, ils ont planifier, ils ont attendus calmement, sournoisement, avant d'attaquer comme par hasard à notre époque.
Plutôt que de montrer l'invasion sur sa globalité en nous donnant des tonnes de personnages secondaires et pas - ou alors pas clairement - de héros principal, Spielberg nous montre l'invasion vécu par Ray et ses deux enfants qu'il avait pour le week-end. A des kilomètres de tous ses rôles habituels, Tom Cruise campe ici un bouseux père de famille bauf qui ne sait pas s'habiller (bonjour le beau jean moulant !) et, visiblement, n'a pas su convaincre sa femme (enfin ex-femme) qu'il ferait un bon père et surtout la convaincre de rester ensemble. Bref c'est un homme raté qui nous sert ici de héros. Un homme comme les autres, un homme curieux, un homme pas toujours intelligent, et la seule chose qui le diffère des autres est sa bestialité aténué à cause de ses enfants.
La guerre des mondes joue sur la carte de la suggestion, pas au même point que le projet blair witch ou que signes mais jamais Spielberg ne montre pour montrer. Son film c'est le point de vue de Ray et ses enfants et ça ne sera rien d'autre, ainsi soit-il. Plutôt que de nous montrer une scène de bataille dantesque ultra-rythmé, Spielberg filme la fuite. Car ici les héros sont les survivants. Ceux qui partent au combat ont peu de chance d'en revenir, sauf si bien sûr ils se décident à fuir et même là leurs chances de survie sont plus que limitées.
Le film joue sur la peur, comme lors d'une scène hallucinante du chat et de la souris entre une sorte de sonde extra-terrestre et les survivants. Pourtant ici c'est l'homme qui est montré comme le plus terrifiant. Il nous montre la bestialité de l'homme repoussé à ses dernières limites, à l'image de cette foule transformée en zombies, et de Ray ne pensant qu'à sa propre survie, refusant d'aider les autres, et tuant même un homme à mains nue pour assurer la survie de lui et de sa fille. A ce propos, Tom Cruise nous offre une partition tout à fait remarquable et en profite pour améliorer son palmarès.
La guerre des mondes ne cède à rien, pas question de montrer de grandes courses-poursuites. Ici les courses-poursuites à, terrain découvert finissent par de l'humain vaporisé. Pas question non plus d'affronter les aliens. Ils sont tout simplement indestructible.
Un mot sur la toute jeune et ô combien talentueuse Dakota Fanning, toute petite fille au talent immense. Tant qu'elle ne tombera pas dans les mêmes saloperies que Drew Barymore (de E.T. donc) ça va. Sinon...
En oubliant tout sentiment patriotique et en préférant tabler sur les sentiments humains plutôt que sur les grosses batailles, Spielberg nous sert ici un chef-d'oeuvre après une période fade.Pourvu que ça dure !

Critique de la fin, SPOILER de rigueur évidemment

Pourquoi faire une critique juste sur la fin ? Eh bien cette fin qui a tant suscitée la contreverse, qui a tant déçus, qui a tant divisée méritait à elle seule une critique, et pour faire plus terre à terre, j’avais envie de faire une critique sur cette fin sans être obliger de me casser le cul à l’incorporer dans la critique complète, et alors il aurait fallut mettre un spoiler pour tout l’article ou bien ne pas mettre de spoiler (ce qui est gênant pour critiquer la fin vous en conviendrez…). J’aurais pu aussi mettre un spoiler en pleins milieux mais ça fait moche. Alors donc cette fameuse fin, remettons-nous la en mémoire : arrivé à Denver avec sa fille, Ray voit les alien tomber comme des mouches, visiblement totalement affaiblis. Il va à la maison des parents de sa femme et trouve sa femme, son mari, les parents de sa femme et…son fils que l’on croyait mort. Bref sorte de happy-end en apparence mais uniquement si on prend La guerre des mondes pour un film catastrophe, ce qu’il n’est pas. Car en fait dès lors que l’on voit le film comme la quête d’un homme pour retrouver son véritable rôle de père tout s’explique. Si son fils est vivant c’est avant tout une récompense, il a réussie dans sa mission. Alors certes le message est ultra religieux, « soyez un bon père et vous survivrez à une attaque extra-terrestre et vous pourrez retrouver votre famille en un seul morceaux », mais pas seulement. Déjà on est loin d’un happy-end classique. Happy-end signifie « fin heureuse », heureuse ? Ray n’a gagné que ses galons de père, pas ceux de mari. Alors que tout le monde est ensemble lui reste à l’écart, ils lui sont reconnaissant mais ne l’aiment pas pour autant « c’est gentil d’avoir sauvés notre fille, maintenant casse-toi », voilà la phrase qu’aurait pu dire n’importe qui du groupe ex-femme/mari/beaux-parents. Un autre point de cette fin est de nous renvoyer notre propre égoïsme. Spielberg et Koepp le savaient, le public n’accepteraient que difficilement la survie du mari et du fils, et pourtant ils l’ont fait. Pourquoi ? Eh bien pour nous montrer, tout simplement, que ça n’est pas notre film, notre vision, mais le leur. Beaucoup de gens ont critiqués cette fin en disant « oui c’est un méga happy-end », pourtant ces mêmes gens, consciemment ou inconsciemment ont souhaités la mort du mari pour permettre à Ray de retrouver sa femme, et combien se sont dis en voyant le gosse vouloir rejoindre l’armée « eh ben qu’il y aille, et qu’il crève » ? Ainsi non seulement Spielberg et Koepp montrent leur indépendance et leur refus du classique, mais ils nous renvoient à notre propre égoïsme bien humain du fait de notre volonté de voir mourir différents protagonistes de l’histoire.

FIN DU SPOILER

La guerre des mondes
film américain / 2004
réalisateur : Steven Spielberg
avec : Tom Cruise , Dakota Fanning , Justin Chatwin

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